La rubrique de la loose semble destinée à notre cher sélectionneur national. Il n'aura pas droit à un manager général pour le cadrer jusqu'en aout: nous aurons donc certainement droit à d'autres débordements et petites provocations de sa part. Avec la parution du livre de Bruno Godard, je voulais donc en savoir plus sur sa personne, essayer de décrypter ce personnage haut en couleur, qui aime apparemment centraliser sur sa personne toutes les critiques, car pour lui, vaincre sans périls ne mérite pas la gloire...

book_domenech_by_godard.jpgAvant toute chose, je l'annonce de suite: je n'aime pas Raymond Domenech, et je crois ne l'avoir jamais aimé. Pourquoi? Et bien pour un ensemble de choses, et j'avoue également une culpabilité éhontée de délit de sale gueule envers mon "ami Rémon". Toutefois, malgré cette antipathie, j'apprécie d'une part sa capacité de se sortir des pires traquenards (dans lequel il semble se mettre seul), et d'autre part, j'aime bien comprendre mes dégouts et aversions envers quelqu'un, afin de déterminer quelle est la nature profonde de mon antipathie: j'espérais donc que le livre apporte de l'eau à mon moulin remplie d'ivraie.

Ce livre, qui est plus un pamphlet qu'autre chose fera plaisir aux détracteurs de notre sélectionneur national, et agacera énormément ses "rares" défenseurs. Œuvre journalistique, ne vous attendez pas à un style romancier de haute volée. Bruno Godard est ancien rédacteur en chef de Rolling Stone Magazine (version française) et ancien journaliste pour quelques journaux sportifs peu connus. Ce n'est donc pas une grande plume, son style est du pur jus de journal, et pas des meilleurs titres, c'est plus un style de presse régionale. L'auteur abuse de termes grandiloquents, pour jouer sur tout le paradoxe des énormes ambitions du personnage, et de ses résultats guère transcendants. Il met en opposition systématique toutes les facettes de Raymond: c'est donc parfois limite de la mauvaise fois, du sophisme de bas étage, avec des effets d'annonce faciles et une absence de fond. Par exemple, Bruno Godard nous fait un chapitre entier sur les prétentions d'acteurs de notre cher Rémon, qui a en effet joué au théâtre dans sa jeunesse ainsi qu'au cinéma, et Bruno Godard le présente tel un acteur aux dents longues persuadés de gagner aux prochains Césars... C'est un tacle facile, les 2 pieds décollés dans la gueule mais est-ce qu'une telle annonce apporte du fond à la complexité du personnage: non! Cela dé-crédibilise même les propos du journaliste, qui prouve là son aversion viscérale envers notre sélectionneur national tant détesté.

Concrètement, au fil de la lecture, je n'ai strictement rien appris sur les évènements et agissements de Raymond Domenech depuis 2002. Certes, j'avais oublié quelques anecdotes savoureuses mais à chaque fois, c'est plus du "oui-dire" ou des interprétations à l'emporte pièce. Affirmer que lorsque Zizou (et les autres) utilisaient le terme de "coach" au lieu du nom de l'entrainement était un dénigrement pur et dur envers sa personne est également un sophisme un peu facile; même s'il y a certainement du vrai. Le seul passage intéressant du livre, c'est l'interview de Robert Pirès, où l'auteur reprend des faits concrets et des dires approuvés par plusieurs. Le reste, est comme je l'ai dit, manque de fond malgré la volonté d'enfoncer Raymond bien profond. Je ne doute pas que les anciens de 98 sélectionnés sur 2006 et 2008 n'ont jamais aimé le style spartiate de Raymond Domenech, qui est un entraineur intraitable, tel un Alain Perrin, un Claude Puel ou un Ricardo, qui est parfait pour mater du jeune et leur apprendre durement le métier, mais qui est incapable de faire épanouir des stars aux égos sur-dimensionnés, et ces temps-ci, nos jeunes pousses ont facilement la grosse tête, et c'est malheureusement normal que cela aille au clash avec Raymond Domenech.

Au final Bruno Godard laisse simplement l'impression d'un livre écrit sur commande, sans réelle investigation de sa part, à part avoir relu toutes les éditions de l'Equipe et de France-Football depuis 10 ans. Même si sur la plupart des arguments évoqués par l'auteur, je suis assez d'accord avec lui, je regrette que ses propos soient si véhéments, sans discernement. Au final, on a un peu l'impression qu'il prend les amateurs de football pour des cons, qui s'enflamment pour un rien. Pour ma part, comme le dit Jean-Michel Larqué: "Domenech à la tête des bleus, c'est une erreur de casting" et que certes, la FFF n'avait pas un grand choix, mais c'est surtout elle qui reste responsable et coupable de ces 6 années de matchs médiocres, toutefois auréolés de la finale de la coupe du monde 2006, où le sourire goguenard de Zizou face à l'Espagne démontrait bien qu'il allait en faire à sa tête, et ce, jusqu'à la finale. A croire que le coup de boule était plus destiné à notre ami Raymond que cet infâme joueur italien...